Chapitre 21

Après un mois loin de l’Académie, mon envie de reprendre les cours est au maximum. Durant ce mois d’exclusion forcée, pas uniquement pour moi bien sûr, j’ai eut le temps de travailler un maximum mes bases en langue, mais aussi d’aider papa dans ces observations de Sapta Rishi, la constellation des sept sages. Par contre ce qui me navre le plus c’est que je n’ai pas pu rencontrer d’esprits magiques, hormis Tantan, qui est plus proche d’être la mascotte de l’école familiale.

Mais en plus de tout ça je n’ai pas pu voir mes amies non plus et qu’est-ce qu’elles m’ont manquée.

Sauf que pour cette première journée nous n’allons pas vraiment avoir le temps de nous reposer ni de nous poser dans les jardins communs pour discuter de ce que nous avons fait durant ce temps « mort ». Simplement par ce que Mademoiselle Kei voulait rattraper le retard que nous avions sur les cours du tronc commun.

« Bailëre. Bailëré.

On mikré bar paj wazi. »

Sauf que ce qu’elle avait oublié, c’est que la quasi-totalité de la classe ne comprend pas le moindre mot de langue magique commune, hormis quelques érudits comme Anna, Inoue, Harumin et moi. Du coup nous sommes seulement quatre à avoir compris qu’il fallait que nous sortions nos livres et que nous devions l’ouvrir à la page 23.

Mais ça elle ne le réalise que lorsqu’elle voit les têtes des quatre cinquièmes des élèves de la classe relevées et avec des gros yeux bien ronds. Et en voyant son visage se décomposer, j’ai compris qu’il allait falloir que, nous quatre, nous mettions la main à la pâte en lui donnant un coup de main.

Ces premières heures de cours depuis un long moment allaient être folkloriques autant pour nous que pour Mademoiselle Kei.

Rapidement nous avons divisée les seize élèves ayant besoin d’une mise à niveau en langue en quatre groupes de cinq, que chacune de nous devra instruire, le tout supervisé par Mademoiselle Kei, qui en à peine un quart d’heure avait déjà établi un mini programme consistant en un peu de vocabulaire, la mise en forme de phrases simple (affirmative et interrogative), ainsi qu’une table pour apprendre les nombres au moins jusqu’à 9999.

Le but ici, c’est qu’à la fin de la matinée tout le monde ait un bon aperçu de la langue magique commune, sans vraiment la maîtriser.

À la fin de la semaine, normalement, tout le monde devrait en savoir suffisamment pour suivre un cours normal.

De mon côté, j’essaye de m’en tenir au cours établi par Mademoiselle Kei, en donnant tout de même quelques informations que je pense être utile, voire nécessaire.

« Pour commencer, il faut savoir que l’apprentissage d’une langue ne peut se faire qu’en apprenant par cœur et en s’exerçant. Il faudra donc que vous appreniez le vocabulaire qui se trouve dans le document.

Ensuite, il ne faut pas avoir peur de se tromper… »

« C’est bien gentil, Amanda, mais toi tu sais déjà parler la langue magique donc forcément pour toi c’est simple ! »

Ça y est, ça n’a pas tardé. Je vais passer pour celle qui sait tout.

« Il est normal que cela soit simple pour Amanda. Puis qu’effectivement, elle, elle a travaillé pour son apprentissage de la langue.

C’est très loin d’être inné !

Travaillez un peu et vous verrez, ça vient tout seul ! »

Par contre, ça je ne m’y attendais pas, Anna qui prend ma défense en appuyant sur le fait que je suis assidu.

Iriya, ma camarade de classe qui m’a interrompu semble confuse. J’ai l’impression que si je ne reprends pas mon explication maintenant je serai trop gênée pour le faire plus tard.

« Merci Anna !

Au début il vaut mieux commencer sans s’encombrer de la façon d’écrire la langue magique, ça viendra plus tard.

Je peux vous laisser un peu de temps pour apprendre le vocabulaire de base, après nous parlerons de la construction des phrases.

Si vous avez des questions n’hésitez pas à nous demander. »

Je rejoins Anna, Harumin et Inoue qui ont fini de faire le début de leurs présentations.

« C’est étrange, Iriya n’a jamais été agressive comme ça ! »

« Est-ce que j’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ?

J’ai été hautaine dans ma façon de parler ? »

Mademoiselle Kei qui a assisté à la scène, sans rien dire, vient nous voir pour nous donner quelques explications, en nous emmenant à l’extérieur de la salle.

« Il ne faut pas vous en faire, ça arrive parfois lors que l’âge de celui qui enseigne et proche de celui qui est instruit.

Ça m’est arrivé à moi aussi il y a quelques années.

Mais ce qui m’étonne le plus, c’est votre aisance à toutes les quatre pour l’enseignement. »

« Amanda, s’il te plaît, j’ai une question ! »

Cela fait à peine cinq minutes que nous sommes sorties de la salle de classe, et je suis la première à avoir été appelée.

Je m’empresse d’y retourner, je n’ai pas envie d’être assaille de remarque encore une fois.

« Amanda, j’en suis sur les chiffres. Et c’est vrai que c’est plutôt simple à apprendre.

Apta, mik, bar, va, chir, chip, sapta, hipta, bapta, ré et ainsi de suite.

Mais je me pose une question, Sapta Rishi, la constellation d’où viens la comète Sari, qu’est-ce qu’il veut dire son nom ?

Sept, quelque chose ?

Mais quoi ? »

« Sapta Rishi, c’est la constellation des sept sages.

Sapta veux bien dire sept, et rishi veux dire sage, dans le sens un sage ou un érudit, la personne en tant que telle.

Et pour le nom de la comète Sari vient de la contraction des mots du nom de la constellation d’où elle vient. »

« Mais du coup on ne devrait pas l’écrire « SaRi », avec le « S » et le « R » en majuscule ? »

« Normalement, si, mais pour que ça soit plus simple le nom a juste été crée. »

« Donc ça veut dire que la langue magique commune n’est pas une langue morte ? »

C’est à ce moment que Mademoiselle Kei et mes autres camarades enseignantes assistantes on choisit pour revenir en classe.

« Hé, bien oui. Tant qu’il y aura des gens pour utiliser cette langue, elle évoluera !

Donc autant en apprendre les bases, pour savoir la décrypter, l’utiliser et vivre avec, mais surtout la faire vivre !

Une langue est un vecteur culturel.

Et le monde magique, dans lequel nous vivons tous, possède sa propre culture !

On l’utilise autant dans nos formules que dans notre littérature.

Il y a des quartiers dans les plus grandes villes où seule la langue magique commune fait office de liant.

Il y a des villages complets où le parler principal est celui que vous apprenez.

Il faut le faire vivre ! »

Mademoiselle Kei à encore fini par faire un discourt grandiloquent simplement pour montrer l’importance de la langue qu’elle enseigne. Et étrangement, le message à l’air d’avoir atteint sa cible.

L’émotion est palpable en classe.

Et jusqu’à la fin du cours les questions on fusées.

L’assiduité de nos camarades de classe n’a jamais été aussi remarquable.

♦ ♦ ♦

« Amanda, si jamais on a des questions sur le cours de langue magique commune, est-ce que tu pourrais nous aider ? »

« Bien sûr Lisa ! »

Les filles de ma classe m’idolâtrent un petit peu depuis la reprise des cours il y a une semaine, pourtant je n’ai vraiment rien fait d’exceptionnel.

« Encore merci Amanda de me donner un coup de main pour les cours de langue magique commune.

Mais ton aisance pour enseigner m’étonne toujours, tu es vraiment pédagogue ! Est-ce que par hasard tu seras intéressée par le milieu de l’enseignement ? »

« Amanda vient d’une famille qui tient une école, ça doit être dans son sang ! »

Avant même que je puisse répondre à Mademoiselle Kei, c’est Anna qui réplique pour moi. Et juste après elle s’en est allée en direction de l’une des salles de réfectoires pour profiter un peu de sa pause de midi avant que l’ont aillent se faire tester avec l’ensemble des élèves de première année de toutes les écoles pour clôturer la semaine.

Dans le réfectoire l’ambiance est tellement calme que je n’ai pas l’impression d’être la veille d’un week-end de reprise. Les élèves sont anxieux, ce test qu’ils vont passer ils n’ont aucun moyen d’en améliorer les résultats… Et pourtant, il est si important pour la suite.

Et lorsque l’heure du test arrive je sens le stress collectif monter. Tout le monde se dirige en silence à l’extérieur, dans le jardin commun, ou plusieurs centaines d’élèves attendent déjà, rapidement notre classe est appelée et comme par hasard, je fais partie des premières.

« Bailëre. Haji kraju parbae haji roc. »

J’acquiesce et l’infirmier qui me teste pose sa pierre magique sur ma tempe, cette dernière réagit instantanément.

« Haji kraju lam, kexin ! »

Comme je n’ai pas encore l’habitude de parler en langue magique je ne comprends pas de suite ce qu’il me dit, mais quand je tic enfin, je vois le visage des gens qui m’entourent s’illuminer.

Pour être sûre, je demande confirmation à Mademoiselle Kei en arrivant à l’extérieur de la file.

« Il a bien dit que mes capacités magiques avaient augmenté ?

Sinon je vais devoir réviser mon vocabulaire de langue magique commune ! »

« Et même rapidement !

C’est pas vrai !.. Jusqu’au bout tu vas nous surprendre ! »

Et c’est en parlant dans la langue culturelle des utilisateurs de magie que se termine cette semaine de reprise assez mouvementée.